Potosi : Les Lagunes Kari-Kari

Situées sur les hauteurs de Potosi, complètement artificielles, elles alimentent la ville en eau depuis leur construction par les Conquistadores espagnols.

Extraits de mon carnet de route :
le samedi 7 juin
trajet : Potosi - Potosi
distance parcourue : 60 km
Situées sur les hauteurs de Potosi, complètement artificielles, elles alimentent la ville en eau depuis leur construction par les Conquistadores espagnols.
Départ 7h00 ce matin avec Wilhem en 4x4 pour les lagunes Kari-Kari situées à une vingtaines de kilomètres au dessus de Potosi. J'avais prévu de les découvrir via un trek de 2 jours depuis la ville, mais faute de temps, me voici en 4x4 au milieu de la montagne. En fait, j'ai gagné au change puisque j'y vais avec Wilhem (Directeur des projets du CDR) qui connaît bien ces lagunes et a un projet de sauvegarde et de classement du site pour sa protection... Celui-ci ne faisant l'attention ni l'objet d'entretien de personne, même pas de l'entreprise des eaux de Potosi !
Je découvre alors de magnifiques constructions de barrages : pierres et liant à base de miel pour résister aux conditions extrêmes - la technologie de l'époque était déjà très avancée ! Ceux-ci datent de 1580, retiennent l'eau entre deux montagnes et en assurent un écoulement vers le système d'irrigation pavé puis d'aqueducs qui mènera l'eau jusqu'en ville... Je vais visiter 5 lagunes différentes à des altitudes comprises entre 4 300 m et 4 800 m. L'occasion aussi pour moi de faire un tour jusqu'à un sommet à plus de 5 000 m afin de tester mon acclimatation à l'altitude en vue des ascensions qui m'attendent. Nous descendrons ensuite voir en bas de la ville de Potosi les seuls restes existant des aqueducs (non protégés, non plus...).
Descente vers les entreprises de traitement du minerais extrait des mines, pour poursuivre notre thématique "eau" de la matinée. Et là non plus, je n'en crois pas mes yeux ! Je découvre des usines - enfin si l'on peu appeler ça comme cela (il manque des tuiles sur des toits, les ouvriers trvaillent sans protection et à la main) - dans un état pitoyable et des conditions écologique déplorables... Manque d'argent ? Pourtant ces entreprises font un chiffre d'affaire mensuel d'un million de dollars (elles achètent le minerais à 100 aux mineurs et le vendent à 500 à la sortie - facile !)...
Non seulement la terre dans l'usine et les environs est toute grise, mais en plus un ruisseau gris (rejets) sort de chaque usine et rejoint celui de la ville le colorant lui, et ses abords, d'un gris souris incroyable ! Il s'agit des rejets chimiques des produits de traitement des minéraux : mercure entre autres...
Manque de lois ? Non, puisque la Bolivie possède des lois de protection de l'environnement (ils n'ont rien à nous envier en matière législative)... Que se passe t-il alors ? Vous comprendrez aisément dès que vous saurez que les entreprises de traitement appartiennent à des ex-gouverneurs ou politiciens de la région ou de l'état... cela même qui ont voté les lois...
Inutile de vous préciser que plus rien ne pousse le long du ruisseau et que les vallées sur le court d'eau ont été désertées par les habitants, toute culture étant devenue impossible... Actuellement, l'état Bolivien a mal à partir avec ses voisins où se jette cette rivière qui pollue les eaux d'une des principales rivières argentines notamment... les choses vont peut être évoluer ?