Potosi : Bénédictions en tout genre à Manquiri

C'est jour de fête aujourd'hui dans le minuscule village de Manquiri. Toute la région s'y est donné rendez-vous pour faire bénir : billets, voitures, maisons...

Extraits de mon carnet de route :
le dimanche 8 juin
trajet : Potosi - Manquiri - Potosi
distance parcourue : 75 km
C'est jour de fête aujourd'hui dans le minuscule village de Manquiri. Toute la région s'y est donné rendez-vous pour faire bénir : billets, voitures, maisons...
Direction Manquiri après un petit déjeuné au marché. Nous prenons un des nombreux "collectivos" qui partent aujourd'hui pour rejoindre ce petit village au fond d'une gorge à 35 km de Potosi. La route est mauvaise et nous comprenons très vite pourquoi le collectivo est plein de poussière. Après plusieurs bouchons, après avoir poussé notre véhicule embourbé au passage d'un ruisseau, nous voici à destination au bout de 4h30 de voyage ! 35 km en 4h30, je crois que proportionnellement c'est mon record !
Il y a plusieurs milliers de personnes déjà. Accrochés à la montagne, ou depuis le parking, c'est tous les habitants des villages voisins qui sont venus avec leur âne ou quelques bêtes. Mais aussi beaucoup de citadins. Il est facile de reconnaître tout le monde, à l'aide des habits plus ou moins traditionnels qu'ils portent... Quand aux "gringos", c'est encore plus simple, visiblement nous sommes les seuls !
Nous remontons avec beaucoup de mal la rue du village pour rejoindre la place et l'église. De chaque côté, de multiples petits stands proposent soit à boire, à manger ou des miniatures de voiture, mini-bus, maison, billets de banques ou pièces...
Dans l'église la foule se presse. En effet, aujourd'hui le curé du village béni à tout va... Chacun est venu avec ses miniatures représentant ses souhaits pour l'année à venir ; il est dit en effet, que les voeux se réaliseront. Nous nous frayons un passage pour entrer dans l'église car nous avons acheté quelques mini-euros (et oui, il y en avait !). Il y règne une certaine confusion. A droite dans une petite pièce (15 m2), brûlent des cierges depuis le matin : ceux-ci fondent tout seul sur leur présentoir rien qu'avec la chaleur ambiante. Je n'ai pu faire qu'un mètre dans cette pièce avant de devoir ressortir brusquement, l'air y était irrespirable, la chaleur insupportable... Pourtant, plus d'une dizaine de personne y prie ; ils y croient dur comme fer pour endurer ce supplice...
La fête dehors bat aussi son plein. Dans une cour, un autre curé enchaîne les baptêmes d'enfants et bébés. Les photographes de la ville sont là pour immortaliser l'instant solennel pour la famille. Plusieurs fanfares défilent et les télévisions locales réalisent des reportages. Sur le terrain de sport, commence un concours de danse et musique traditionnelle avec les habitants des villages voisins - cela me rappelle la fête de Betanzo du week-end dernier. Nous choisissons un restaurant sur la place : une bâche et un banc en fait ! Après avoir rincé les assiettes des précédents clients dans un seau d'eau sale, la cholita nous sert le plat du jour (accompagné de riz, tomates et oignons comme d'habitude) avec une sauce au piment c'est pas plus mal, il parait que ça tue les microbes... de toute façon, tout ce qui ne tue pas fait des anticorps !