Mines : En route pour la mine d'argent

Avant de commencer mon travail avec le CDR (ONG de Potosi), je souhaites découvrir une mine "version touriste". Aujourd'hui, je vais donc visiter une mine avec une agence comme le font la plupart des "gringos", appareil photo en bandoulière.

Extraits de mon carnet de route :
le : vendredi 23 mai
trajet : Potosi - Cerro Rico - Potosi
distance parcourue : 30 km
Avant de commencer mon travail avec le CDR (ONG de Potosi), je souhaites découvrir une mine "version touriste". Aujourd'hui, je vais donc visiter une mine avec une agence comme le font la plupart des "gringos", appareil photo en bandoulière.
Tour des agences : hier, j'ai fait le tour des agences, toutes à proximité de la place principale de Potosi. Les tarifs varient de 30 à 75 bolivianos ; les prestations elles aussi varient, même si chacun vous prouvera par a + b que son option est la meilleure... Quasiment tous vous diront reverser 15% du prix aux mineurs. Tout d'abord, moi ça me fait doucement penser à de la charité mal placée quand on sait le chiffre d'affaire des agences... et ensuite, en creusant un peu ce terrain par la suite, je me suis aperçu qu'à priori, aucune agence ne reverse le moindre boliviano... les mineurs seraient-ils aussi exploités par les agences ?
Entrée en matière : Départ 9h de l'agence pour un local où l'on nous (15 touristes) remet l'équipement de protection : bottes, surpantalon, surveste, casque équipé d'une lampe électrique. Nous passons par le "mercado minero" (marché des mineurs) au coeur du quartier des mineurs, au pied du "Cerro Rico", la fameuse montagne... Nous découvrons toutes sortes de petites échoppes vendant : rafraîchissements, nourriture, pelles, pioches, équipement de protection, lampes, feuilles de coca... et aussi des explosifs !
Nous y faisons quelques achats que nous remettrons aux mineurs ; ceux-ci sont autant appréciés qu'utiles. En effet, un bâton de dynamite, par exemple, permettra de gagner un à plusieurs jours de travail... Les boissons fraîches sont particulièrement appréciées ainsi que la coca... On y trouve aussi le fameux alcool à 96.C que les mineurs boivent le vendredi soir (fin de travail) ainsi qu'un p'tit verre chaque matin en même temps que l'offrande au Tio... 96.C ! j'ai même pas envie d'essayer... Pour ma part, je vais leur amener une grande bouteille de boisson fraîche.
Dynamite en vente libre : et oui ! à l'heure où la France débat sur la peine de prison pour le cannabis, ici on joue avec de la dynamite... Bon, même si la comparaison n'est pas possible, je peux vous dire que ça fait tout drôle la première fois que vous vous retrouvez avec un de ces bâtons dans la main... Ici, un enfant de 5 ans peut venir acheter de la dynamite ou tout autre explosif sans aucun soucis ; c'est une particularité locale accordée à la ville de Potosi.
On trouve de la Péruvienne, de la Bolivienne et de l'Argentine... mais la Péruvienne certes moins chère est moins concentrée en Nitroglycérine et donc moins puissante (vous avez vu, je suis un vrai pro !)... Le bâton en lui même n'est pas dangereux, vous pouvez à la rigueur marcher dessus... car pour qu'il explose, il lui faut un détonateur... Le détonateur est à manipuler avec précaution : "pas de choc violent... ne le mordez pas non plus, il vous arracherait le visage" nous précise le guide... Je rigole doucement en pensant qu'il doit y avoir un touriste qui en a bouffé un, un jour, pour que le guide nous en parle !
J'achète un bâton de Bolivienne, une mèche de 1 m (1 minute) avec son détonateur et un sachet de nitrate d'ammonium (à mettre dans le trous avec la dynamite, ça en multiplie l'effet) : le tout pour 18 b (2 euros). Il me donne ça dans un sac en plastique, j'ai vraiment l'impression de faire mes courses ! Je peux vous dire que dans le minibus et ensuite dans la mine, je ne faisait pas le fier avec ma bombe...
Cerro Rico : c'est cette fameuse montagne de Potosi (la ville est à ses pieds, au propre comme au figuré) qui contient le filon... C'est de la centaine de mine creusées ici que vient plus de 50 % du montant des exportations de la Bolivie... Nous montons jusqu'à la mine "Caracoles" à quasi 4 500 m d'altitude pour apprécier la vue... avant de redescendre un peu pour rejoindre la mine "Candeleria".