Potosi : Le Cerro Rico

Plantée là, à plus de 4 000 mètres d'altitude, cette "colline riche", renferme un trésor exploité depuis plus de 3 siècles.


Plantée là, à plus de 4 000 mètres d'altitude, cette "colline riche", renferme un trésor exploité depuis plus de 3 siècles.

La montagne est vénérée par les indiens depuis que l'un d'entre eux, en y faisant un feu pour se réchauffer, découvrira de l'argent dégoulinant... C'est l'un d'entre eux, Hualpa, indien de l'altiplano qui dévoila à Centeno, un conquistador espagnol l'existence de ce qui était appelé en Quechua : "la plus belle des montagnes". Les espagnols renomment cette montagne le "Cerro Rico", la colline riche. Ce sera le début de 3 siècles d'exploitation intense. Plus de 10 000 galeries seront creusées avec des milliers d'entrées. La ville se peuple au point qu'elle devient à la fin du XVIème siècle, plus importante que Paris ou Londres avec 160 000 habitants. De magnifiques bâtiments coloniaux poussent dans ce nouvel eldorado qui contribuera fortement, d'après les économistes, au développement de l'Europe. Je vous conseille vivement la lecture de "las venas abiertas de America Latina" (disponible aussi en français sous le titre de : "les veines ouvertes de l'amérique latine") d'Eduardo Galleano.
Pour extraire l'argent, tous les indiens sont réquisitionnés alors que des esclaves noirs (trop grands pour la mine) assureront les travaux extérieurs et en ville. Les indiens ne sortent pas de la mine et travaillent dans des conditions épouvantables (les espagnols inventent la "mita" : travail forcé par alternance). Viennent s'ajouter les décès par empoisonnement dus aux vapeurs de mercure, nécessaire à la purification du minerais. C'est une immense exploitation humaine qui fera plus de 6 millions de morts au travail !!!
La quantité d'argent est faramineuse. La mine aurait fourni suffisamment d'argent pour paver une route à deux voix jusqu'à Madrid !
Mais le filon s'épuise au milieu du XVIIIème siècle. Le nombre d'habitant tombe alors à 10 000. Une décadence dont la ville ne se remettra jamais. L'étain et le plomb jusqu'alors rejetés sont aussi exploités mais l'état d'y arrêter dans les années 80 son exploitation (une entreprise d'état, la Comibol, employait tous les mineurs). Beaucoup de mineurs partiront tenter leur chance dans d'autres régions et verront fondre leur prime de départ (magouille de banques, alcoolisme...) avant de se tourner vers d'autres activités (production de coca, taxi...) ou revenir à Potosi. Afin de ne pas abandonner des milliers de mineurs (devenus chômeurs d'un jour sur l'autre), l'état accepte l'organisation en coopératives et autorise l'exploitation du Cerro Rico : les mineurs vont maintenant s'auto-exploiter !





Aujourd'hui une étude laisse paraître encore 54% de minerais disponible dans le Cerro Rico. Mais les veines sont plus petites, plus lointaines... le travail n'est donc pas plus simple et à peine plus humain (voir : visite au coeur de la mine). La majeure partie des 120 mines exploitées l'est de manière manuelle. On trouve peu de treuils électriques pour remonter le minerais ou de perforatrices à air comprimé ; le marteau et le burin sont rois... Seules 4 mines ont un point d'eau et 2 disposent d'une trousse de premiers secours...
Les mineurs se sont organisés en coopératives (un grand travail de formation a été réalisé par le CDR). On trouve souvent plusieurs groupes de travailleurs indépendant exerçant à l'intérieur d'une même mine au sein d'une même coopérative. Chaque groupe, une fois enlevé les frais de la coopérative (soutènement et entretien de la mine ; location wagonnets, treuil et perforateurs pour les groupes importants...), touche exactement l'argent correspondant au minerais (quantité, qualité) extrait. Si l'entraide est de mise dans un groupe, il n'y a pas de sécurité sociale ni d'aide en cas de maladie ou d'accident...