Mines : 9 ans : conjuguer travail à la mine et école...

Il n'est pas facile, d'autant plus quand on est enfant, de conjuguer son travail de la journée et l'école du soir...


Il n'est pas facile, d'autant plus quand on est enfant, de conjuguer son travail de la journée et l'école du soir...

L'organisation des cours dans les écoles (primaire, secondaire comme université) est particulière en cela qu'elle s'organise avec jusque 3 rotations dans la même journée ; ceci est commun a beaucoup de pays "en voie de développement" car il y manque locaux et enseignants... il y a donc 3h d'école par jour... vous pouvez donc être en classe soit le matin, soit l'après-midi, soit le soir : 9h - 12h ou 14h - 17h ou 19h - 22h...
Avant 5 ans, les enfants sont soit gardés à domicile ou à la garderie. Entre la 1ère et la 5ème année, puis 6ème à 8ème année d'école : c'est le primaire (normalement donc entre 6 et 14 ans). Ensuite vient le secondaire pour 4 années d'étude (normalement 15 - 18 ans). Enfin, les plus chanceux accèdent aux études supérieures (université ou études professionnelles).
L'école est un droit en Bolivie mais pas une obligation. La collectivité prend en charge les locaux et les postes d'enseignants : l'accès à l'école est donc gratuit. Mais chaque élève est tenu à apporter son uniforme (type imposé par l'école), vêtements de sport, livres et fournitures scolaires...
La particularité des enfants travailleurs en Bolivie (cireur de chaussures, crieur dans le bus... vendeur de pierre ou mineur) est : s'il a de la chance, de pouvoir compléter sa journée de travail par quelques heures d'école ! Ils se retrouvent donc en majorité dans les écoles le soir de 19h à 22h. Pour vous aider à imaginer la difficulté pour un enfant (à partir de 8 ans) après une journée de travail de se concentrer sur ces cours, pensez simplement à certaines de vos soirées quand, après le travail, il faut encore effectuer les tâches ménagères ou un travail particulier... Pour aller un peu plus loin encore, pensez à ces garçons de 14 à 18 ans qui cette fois le font après une journée d'un travail très physique au fond de la mine ! Moi, je les admirent ; c'est tout.
Les difficultés qu'ils rencontrent sont multiples et me révoltent quand on a bien conscience déjà des conditions de vies familiales (dénutrition, logement précaire, froid, manque de vêtements...). La première difficulté est sans doute, la fatigue de la journée qui rend difficile la concentration et l'écoute. La forte odeur du minerais dont ils sont encore imprègnes car venus directement de la mine leur complique encore l'intégration dans se système scolaire descendant (le maître enseigne les enfants écoutent). Ils sont souvent rejettes par leurs professeurs pour ces raisons, considérés comme des élèves peu méritants, victime d'une nette ségrégation.
A cela, viennent s'ajouter les difficultés économiques qui ne leur permettent pas toujours d'acheter le matériel scolaire : crayon, livres (40 $ à 70 $ pour des livres de langues), papier, plastique... ainsi que les uniformes et tenues de sport demandés par l'école.
Enfin, ces jeunes une fois rentrés à la maison ne pourront compter sur leur famille pour un soutien scolaire à la maison car les parents souvent non alphabétisés (80% des femmes par exemple) ne maîtrisent réellement que le quechua...
Le projet du CDR : est d'une part de permettre aux enfants de bénéficier de conditions d'études décentes : diminuer le travail physique dans les mines, du matériel scolaire et des uniformes quelles que soient les ressources de la famille (aide ponctuelle et adaptée aux revenus), soutien scolaire. D'autre part de leur développer les capacités des enfants autour de l'artisanat et des métiers manuels : alternative au travail à la mine. De plus, un travail de sensibilisation du corps enseignant est commencé afin de leur faire prendre conscience des difficultés rencontrées par ses enfants et du nécessaire soutien des professeurs pour le devenir de ces enfants. L'ouverture d'un lieu spécifique d'accueil (week-end et vacances scolaires), d'éducation et de soutien scolaire est aussi prévu en partenariat avec un collège.